Espoirs - Girard : «Ça fait mal»

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René Girard a beaucoup de mal à digérer son éviction à la tête de l'équipe de France Espoirs. Celui qui a été remplacé par Erick Mombaerts, puis nommé aux moins de 18 ans, estime que la Fédération lui a manqué de respect en le recevant «trente secondes» pour lui annoncer cette nouvelle «sans aucune explication». Il compte solliciter un entretien avec le président de la FFF, Jean-Pierre Escalettes, pour «comprendre le pourquoi du comment».
Entretien.

«René Girard, comment avez-vous vécu votre éviction des Espoirs ?
Ça a été très dur. Ça fait mal. Même aujourd'hui, c'est difficile d'en dire plus car je n'en connais pas les causes. La Fédération me l'a appris au dernier moment. J'ai été reçu par Gérard Houiller et Raymond Domenech en coup de vent pour qu'ils me l'annoncent. Je pense que lorsqu'on est dans une institution comme la Fédération française de football, on peut faire preuve de plus respect. J'espère que dans les prochains jours, le président aura la délicatesse de me recevoir plus longuement.

Vous avez été nommé à la tête des moins de 18 ans. Pourriez-vous refuser ce poste ?
Ça ne m'est pas venu à l'esprit. Moi, j'ai surtout entendu que l'on me fait la gentillesse de me mettre chez les moins de 18 ans. On m'a dit : «si tu veux, tu peux avoir les 18 ans». C'est quand même très succin comme entretien. Je sais bien que je ne suis que René Girard, mais ça me gêne que ça se soit passé comme dans un club. En dehors du fond, c'est surtout la forme qui me dérange.

Vous seriez donc prêt à occuper ce poste ?
Je n'en suis pas là. Pour l'instant, j'ai pris quelques jours de vacances pour me donner un temps de réflexion. Mais pour moi, c'est vraiment secondaire. Et quand je dis ça, je ne parle pas des moins de 18 ans, mais de la façon dont ça a été fait. On m'a manqué de respect. Si la Fédé veut changer de politique, il suffit de me le dire. Je ne suis pas un petit garçon. On ne peut pas jouer avec moi.

Ils vous reprochent peut-être votre non qualification pour l'Euro 2007 et la campagne difficile que vous traversez actuellement pour vous qualifier pour le prochain tournoi, en 2009 ?
On peut me reprocher notre élimination en barrages contre Israël, en effet. Mais, je ne suis pas certain qu'à ce moment-là, il n'y avait pas déjà beaucoup de joueurs Espoirs appelés à l'échelon supérieur. En ce qui concerne l'Euro 2009, pour l'instant, je n'ai perdu qu'un match, et on n'est pas encore éliminé. Loin de là.

Pensez-vous que les nombreux Espoirs convoqués en A (Nasri, Benzema, Diarra, Diaby, etc...) aient finalement pu causer votre perte ?
Ça m'a peut-être joué des tours. Quand on est entraîneur, on aime travailler dans la continuité, avoir un certain groupe à disposition. Maintenant, je trouve cela normal que ces joueurs aient été appelés à l'échelon supérieur, même si ça a pu m'être préjudiciable. Pouvoir apporter un plus aux A en piochant chez les Espoirs, c'est peut-être le premier travail à souligner. Si on me le reproche, c'est que je ne comprends plus trop le boulot de sélectionneur des Espoirs.

Pensez-vous que votre éviction puisse perturber votre groupe pour les prochaines échéances ?
Non. Le foot existait avant nous, le poste de DTN et les Espoirs aussi. J'ai des garçons qui ont de la qualité et de l'envie. Ils continueront d'avancer. La vie continue, même si moi, j'en fais plus une question d'étique et de respect. Peut-être que je suis trop fleur bleue, que je suis trop attaché aux valeurs humaines. Je n'ai jamais voulu franchir le Rubicon, mais au moins je peux regarder les gens dans les yeux. Au contraire de certains».

Recueilli par Emery TAISNE

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